Notes

  • Le 11/03/2021

Dans sa vie, Bach a écrit beaucoup de notes mais peu de mots.
Il laisse souvent les spécialistes démunis pour dire avec autorité comment il faut comprendre et jouer sa musique.

Ainsi son œuvre singulière : Le Clavier bien tempéré, composée de 2 livres de 24 préludes et fugues dans les 12 demi-tons majeurs et mineurs de la gamme chromatique, qui ressemble à un plaidoyer pour le tempérament égal, aujourd’hui en usage dans tous les instruments de musique à clavier. (Le tempérament définit la façon d’accorder un instrument ; le tempérament égal rend les accords identiques dans toutes les tonalités.)
Bach ne donne dans Le Clavier bien tempéré aucune indication de tempérament, ni d’instrument.
Il laisse apparemment ces choix à l’appréciation de l’interprète d’une œuvre qu’il dit avoir composée « pour la pratique des jeunes musiciens désireux de s’instruire ».

La controverse reste ouverte mais il semble que Bach n’a pas écrit Le Clavier bien tempéré pour le tempérament égal.
Ni pour le piano qui n’a pris sa forme moderne qu’un siècle plus tard. (Les instruments à clavier que Bach utilisait sont l’orgue, le clavecin et le clavicorde.)

Le Clavier bien tempéré est pourtant devenu « l’Ancien Testament » des pianistes qui bien sûr ne s’entendent pas sur la façon de le jouer.
Ainsi Andras Schiff joue sans utiliser la pédale qui permet sur un piano de lier les notes entre elles : une hérésie pour la plupart des pianistes. (Il reconnaît que l’interprétation est une affaire personnelle, en rapport avec l'intimité entre l'interprète et l’ensemble de l’œuvre de Bach, son entraînement dans le cadre d’une tradition.)

On joue les notes de Bach sans l'aide des mots qu'il n'a pas écrits mais on sait que c’est comme ça qu’il faut les jouer, pas autrement.

 

Bach, Le Clavier bien tempéré, Livre 1, Prélude 8, Mi bémol mineur