Matérialisme

  • Le 08/07/2023

Il m’arrive de dire que je suis un matérialiste athée.
Cette affirmation suscite des réactions vives.
Elle est jugée inconvenante, outrée.
Après tout, on n’est jamais sûr de rien.

L’idée matérialiste est ancienne et renvoie à celle de substance, i.e. ce qui est permanent par opposition à ce qui est soumis au changement.
Pour Anaximandre (6ème siècle avant J.C.), une seule substance : l’apeiron, littéralement l’illimité et l’indéfini.
Descartes en conçoit deux : la res extensa (la substance étendue, la matière) et la res cogitans (la substance qui pense, l’esprit).
Le matérialisme postule une seule substance : la matière.

Anaximandre disait déjà : « Toutes choses ont racines l’une dans l’autre et périssent l’une dans l’autre, selon la nécessité. »
Pour lui, la pluie provient de la vapeur qui s’élève de la terre sous l’effet du soleil ; elle ne vient pas de Zeus.
Pour lui, tous les animaux vivaient initialement dans l’eau, qui recouvrait la terre ; une partie de la terre s’est asséchée et certains animaux sont sortis de l’eau et se sont adaptés à la vie hors de l’eau.
Pour lui, les hommes eux-mêmes sont issus d’un processus de transformation.

Le programme d’Anaximandre est bien un programme matérialiste et athée avant l’heure.
Il postule une seule substance, recherche des causes naturelles aux phénomènes naturels et les explique par des lois naturelles, sans recourir aux dieux.

Il recherche l’unité derrière les apparences de la diversité.

Le programme d’Anaximandre a été poursuivi après lui sans relâche et avec succès.
Il est aujourd’hui la science elle-même.

La science a établi que notre univers est fait de la même matière aussi loin qu’on l’observe ; que cet univers a une histoire ; que la vie sur terre a elle-même une histoire, matérielle, qui conduit aux sapiens que nous sommes ; que cette histoire évolutive n’a jamais été gouvernée par aucun plan, aucune intention divine.

La science montre que les dieux ne sont pas nécessaires à notre compréhension du monde qui a pu progresser parce que nous n'avons pas suivi le mot d'ordre de Saint-Anselme : « Credo ut intellegam (je crois pour comprendre). »