Intransigeance

  • Le 14/11/2017

« Papa, tu n’aimes personne. »

Lorsqu'elle me dit ça, ma fille fonde sa remarque sur le nombre de fois où elle m’a entendu dire : « Celui-là (ou celle-là), je ne l’aime pas », en général devant la télévision, ou en réponse à une question de sa part : « Et celui-là (ou celle-là) papa, qu’est-ce que t’en penses ? »
Les statistiques lui donnent raison : mes commentaires bienveillants sont rares.

Les commentaires relevés par ma fille portent sur des personnes publiques, que je ne connais pas personnellement : hommes politiques, journalistes, intellectuels, vedettes du showbiz, animateurs de télévision…

A noter que je ne discrimine pas : mon jugement n’est pas influencé par le sexe, la couleur de peau, l’origine sociale, la nationalité ou la confession religieuse.
(S’il l’était, ma fille n’aurait pas manqué de me le faire remarquer.)

Mes commentaires sont étayés : je dis pourquoi j’aime ou je n’aime pas, je donne à chaque fois une raison. Le commentaire « Je n’aime pas » reposera sur un défaut publiquement exprimé par la personne concernée, ou une faute commise par elle.
Le défaut sera rédhibitoire ; la faute inexpiable.

Le défaut ou la faute sont rattachés à un nombre limité de registres : la méchanceté, le cynisme, l’hypocrisie, la bêtise, le vice, la cupidité, la suffisance, le mépris.
Le comique méchant, moquant les faibles et épargnant les puissants, ne me fera pas rire ; je condamnerai irrévocablement l’homme politique cynique ; etc.

Suis-je exempt de ces défauts que je stigmatise ? Peut-être pas.
Je ne me suis pas à ce jour auto-condamné sur ces registres, mais j’accepte qu’on retienne contre moi, au moins, l’intransigeance.

Mon intransigeance est en fait bien connue des amis avec lesquels je me suis brouillé. Elle est l’expression d’une disposition comportementale que je crois avoir acquise à la naissance et qui s’est renforcée par la suite, contre mon gré bien sûr.

Pour rappel, notre patrimoine génétique détermine non seulement nos caractères physiques mais aussi nos dispositions comportementales, au nombre desquelles je suis tenté de mettre une « disposition à la brouille ». De nombreuses personnes de ma famille ont une propension bien supérieure à la moyenne à se brouiller ; je fais partie de ces personnes.

Quelque chose à redire ?… Ce n’est pas ma faute !