Ni Dieu, ni maître
- Le 21/02/2018
J’ai longtemps cru que le mot d’ordre de Blanqui allait de soi, dans son sens littéral. Il n’en est rien.
Pour preuves : le nombre extravagant de gens qui prêtent encore aujourd’hui allégeance à un quelconque dieu ; le nombre également extravagant de gens qui donnent encore aujourd’hui du « maître » à un quelconque gourou.
Les dieux appartiennent à une religion ou une autre, grande ou petite, monothéiste ou pas ; ils ont été identifiés dans un lointain passé, sont présentés dans des récits mythologiques.
Les gourous aussi sont issus du passé. C’est bien souvent leur érudition autour de quelque tradition religieuse ou intellectuelle qui en fait des « maîtres » d'aujourd'hui. Ils invoquent invariablement les textes et les « maîtres » du passé. Pour disqualifier un auteur d’aujourd’hui, il leur suffira de dire qu’au mieux il répète les « maîtres » du passé. La démonstration pourra être fruste, quelques remarques à l’emporte-pièce suffiront.
Curieuse idée que celle qui voudrait que les hommes du passé aient été plus savants que nous.
Il arrive même que l’on donne du « maître » à de simples champions, en mathématiques ou en musique par exemple ; des champions qui, au demeurant, méritent souvent d'être admirés et remerciés pour leurs contributions.
Etrange et malsaine habitude que de donner du « maître » à quelque sapiens que ce soit, laissant entendre qu’il pourrait être un mutant de l’espèce, que nous lui devrions une déférence particulière.
La grande civilisation chinoise incapable de critiquer ses « maîtres » a attendu l’arrivée des jésuites (fin du 16ème siècle) pour comprendre que la terre est ronde.
N’importe quelle autorité doit pouvoir être contestée, comme n’importe quel savoir.
Nous avons aboli les privilèges le 4 août 1789.
Ils ne doivent être rétablis sous aucun prétexte : ni la naissance, ni l’argent, ni même le talent.