Peine

  • Le 04/09/2018

« Ô vous tous, ma peine est profonde : Priez pour le pauvre Gaspard ! »

Verlaine évoque la peine de Kaspar Hauser, enfant abandonné, trouvé en 1828 à l’âge de 16 ans environ errant dans les rues de Nuremberg.

La peine, fléau de notre espèce.

La peine est ce sentiment que découvre l’enfant au détour d’une épreuve, lorsqu’il rencontre la trahison, la barbarie, la mort, lorsqu’il se sent simplement accablé. C’est nouveau, il ne peut rien faire, il doit se résigner. La peine l’accompagnera toute sa vie, la même peine. Comme si une fuite s’était ouverte, laissant échapper indéfiniment sa vigueur. Toujours la même fuite.

Les émotions sont des produits de notre histoire évolutive.
On comprend bien comment la peur ou la colère ont pu être des adaptations, comment ces émotions mettent (en général) dans l’état qui convient pour affronter les circonstances qui les ont induites. On comprend en revanche moins bien comment la peine a pu être une adaptation.
La peine, une bizarrerie de l’évolution, qui crée toutes sortes de choses pour toutes sortes de raisons, pas toujours bonnes.

Le monde se remplit constamment de peine, dans l’indifférence des astres, dans l’indifférence des hommes eux-mêmes, impuissants à l’éradiquer.